Petite présentation du territoire
Situé sur les Costières, ce territoire au potentiel agronomique excellent (Sols de cailloutis, galets, graviers et sables déposés par le Rhône et ses affluents), n’a rien à voir avec les calcaires durs du massif des garrigues. Nous sommes donc dans un paysage essentiellement viticole (AOC Costière de Nîmes) et arboricole (pommes, pêches, abricots…). Les espaces forestiers y sont résiduels et occupent souvent les parcelles que l’agriculture n’a pas pu exploiter (les puechs par exemple).
Le secteur de Générac est situé sur une large terrasse, parsemée de petits monticules (les puechs), qui domine, au nord la plaine de Nîmes avec le Pic St loup qui se détache à l’horizon et, au sud les marais de petite Camargue qui s’étalent aux pieds du plateau. « Les paysages sont magnifiques » V. MURE
Ce territoire à dominante agricole était caractérisé par une faible vulnérabilité à l’incendie, étant le modèle même de ce que l’on préconise pour l’aménagement des interfaces bâtis/forêts. De ce fait, les espaces forestiers n’ont jamais fait l’objet d’équipements, ni d’une quelconque stratégie de DFCI (Défense des Forêts Contre Incendie).
Le Puech Lachet
Le site du projet est une colline plissée, et boisée de 70ha, isolée au cœur des vignes, avec plusieurs vallons orientés nord-sud et des fortes pentes (alt. entre 71m et 136m). Par les incendies de l’été 2019, elle a entièrement brûlée.
Le foncier est communal. La maitrise du foncier est le levier le plus efficace pour mettre en place un projet de restructuration. Le site bénéficie également du régime forestier, l’ONF en assure donc la gestion courante. Cet élément n’est pas anodin dans le projet car l’Etat est vigilant à toutes modifications de la destination forestière du sol.

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Les feux d’août 2019 :
En 2019, plusieurs feux (dont la piste criminelle n’est pas à exclure) ont été déclenchés à quelques jours d’intervalle (30 juillet et 3 août). Ils ont parcouru 900ha, principalement sur Générac et ont brûlé les vignes et les oliviers autant que les massifs forestiers. Ils ont frôlé de très près le bâti. Par ailleurs, ils ont couté la vie à un pilote de tracker en intervention.
Ces évènements ont provoqué un fort émoi dans la population et les médias, d’autant plus que les habitants du territoire n’avaient pas la « culture de ce risque-là ». Au-delà de la mort d’un homme, c’est aussi la perte d’un paysage familier.
Les causes les plus évidentes ayant conduit à un feu de cette ampleur sont :
- D’une part des conditions météorologiques propices (extrême chaleur et sécheresse),
- Un couvert végétal exsangue,
- Une dynamique de culture en « bio » du territoire, remarquable bien sûr, mais qui ouvre la voie à la propagation du feu via des sols qui restent enherbés… Les vignes et les « olivettes » en bio, sont passées du statut de « coupures de combustible » au statut de « vecteurs du feu »,… Sacré dilemme…
Les orientations du projet :
- Accompagner la renaissance de la forêt communale incendiée, pour elle-même mais aussi pour permettre aux généracois de se réapproprier ce paysage subitement transformé.
- Valoriser l’histoire du site et ses caractéristiques géologiques (Puech)
- Tenir compte des vues lointaines (dans les deux sens)
- Avoir un regard paysager sur des points clefs : l’accueil, les cheminements, les points de vue, les lisières et abords…
- Valoriser l’identité rurale et forestière du site
- Favoriser des infrastructures multifonctionnelles (DFCI, promenade, découverte paysagère)
- Mettre en place un projet forestier innovant, prenant en compte les changements climatiques
- Promouvoir des actions favorables à la biodiversité
- Mettre en place un parcours de visite didactique et de loisir pour la population

L’après « feu », des premières actions :
Dès la fin août 2019, la commune de Générac a enclenché plusieurs types d’actions !
- Relance avec la Direction Départementale des Territoire et de la Mer (DDTM) de la communication sur les OLD (Obligations Légales de Débroussaillement) pour favoriser l’autoprotection du bâti dans les secteurs urbanisés.
- Programmation de l’évacuation des arbres carbonisés et débroussaillement (broyage haut de façon à ne pas être préjudiciable aux repousses) pour gommer la noirceur des paysages de forêts brûlées.
- Mise en place d’une mission d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage confié à la botaniste Véronique Mure pour accompagner la mise en œuvre d’un projet « exemplaire ».
- Lancement de l’opération de mécénat baptisée « Renaissance », par la mobilisation des acteurs du territoire afin de réunir les fonds nécessaires à la réalisation du projet.
Les actions en cours sur le volet forestier :
L’ONF a réalisé un état des lieux de dynamique de la végétation, des stations et des peuplements sur le Puech, un diagnostic du potentiel de régénération et plantation et a remis à la commune un projet de « restauration » du site, comprenant :
- Une réflexion sur des essences et itinéraires techniques favorisant la résilience future de la forêt communale face notamment aux changements climatiques. Autrement dit, comment faire en sorte que, dans un contexte où même le chêne vert commence à ne plus être à sa place, l’on puisse créer des conditions favorables pour arriver à reconstituer un couvert forestier ? Bien sûr cela veut dire que l’on va devoir prendre des chemins parallèles aux voies classiques des reboisements qui imposent l’utilisation d’essences « locales » …Mais nous positionnerons le projet comme expérimental. Nous avons d’ores et déjà travaillé à l’élaboration d’une liste d’essences, notamment de chênes.
- Au-delà des reboisements expérimentaux et classiques, nous voulons garder une partie du site en régénération naturelle.
- Enfin une réflexion sur la vie des sols reste à alimenter.
Les actions en cours dans les domaines autres que forestier :
- Deux comités de suivi sont en place (Pilotage et Technique) depuis octobre 2020,
- Une réflexion sur les infrastructures de DFCI est en cours,
- Une visite à l’initiative de la DDTM avec les acteurs de la Région sur le thème de la biodiversité a été effectuée au mois de mars 21.

Et le paysage dans tout cela ?
La question qui est posé ici est : Pourrait-on dépasser le positionnement essentiellement forestier de ce projet, pour en faire un projet paysager ?
Nous avions l’intuition que cela deviendrait un projet exemplaire de « Renaissance » d’un territoire parcouru par le feu. A travers ce projet le site « parlerait » de relations avec le feu (notion de pyro-paysage et de pyrophyte), avec le double objectif ; d’une part que les Généracois nouent un nouveau lien avec leur « forêt communale » et d’autre part que l’image du feu comme « risque majeur » soit gommée.
Par ailleurs, certains éléments caractéristiques du puech Lachet, sont des points clefs pour aborder ces aspects paysagers : le rapport entre les espaces ouverts et les espaces fermés, entre les points hauts et les fonds de vallon, mais également sur la mise en scène des points de vue, des cheminements ou encore de l’accueil.
Sur le plan financier :
Budget global estimatif de travaux post-incendie :

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